Bon débarras ! Après avoir usé nos yeux, nos mains et notre patience, et pour certains, notre masse capillaire, les reconstructibles sont bel et bien enterrés. “Plus jamais”, me disais-je, tirant nonchalamment sur mon petit clearo mesh.
Article tiré du Magazine Oneshot #11, par Nukevapes.
Le reconstructible est mort. Et c’est une bonne chose ?
J’en ai passé des heures, des nuits à tenter de comprendre comment le fabricant de mon atomiseur avait pu penser que sa dernière merveille était utilisable ?! Mais comment veux-tu que je serre cette visse d’une main, en tenant le coton de l’autre, et en prenant garde de maintenir la résistance à la bonne hauteur, le tout sur ce qui ressemble plus à un test de dextérité pour proctologue qu’à une base d’atomiseur ? Sans oublier les vis microscopiques qui roulent sous le bureau, les innombrables joints, l’atomiseur qui fuit sans m’épargner d’un petit dry-hit au passage, les prix exorbitants, les listes d’attente et la frustration… Fini de passer des heures à regarder une vidéo pour comprendre comment oxyder, juste ce qu’il faut, un bout de métal afin qu’il ne soit plus conducteur, à admirer le résultat du reviewer en vidéo, à tenter le coup et transformer mon 247e montage genesis du jour en sapin de noël. !
Les reconstructibles ont occupé une part importante de ma vie, pendant des années.
Sortir avec ma vape à l’époque n’était pas non plus une mince affaire, et demandait sens de l’organisation et esprit d’anticipation, histoire de pouvoir intervenir sur mon atomiseur en cas de panne. Un chalumeau pour oxyder un mesh, une feuille de mesh 300 super fine, une pince céramique, une bobine de fil résistif kanthal 0.30, des perles de verre, 4 accus chargés, une pince coupante, une paire de ciseaux, un set de tournevis de précision, de la silice, de la gaine de silice et un peu de coton pour le dripper, juste au cas où… Voici la liste non-exhaustive du matériel qui se trouvait en permanence dans mon sac ! Nous étions alors fin prêts à affronter l’extérieur, ma valise taille cabine, mes 5 setups de secours et moi-même. Évidemment, tout ça n’était que mon barda “de tous les jours” : Pour les grands déplacements ou les Vapexpos, il fallait tout doubler, juste au cas où…
Il faut avouer qu’à l’époque, atteindre le nirvana de la vape demandait une motivation à toute épreuve. Il fallait être renseigné, entraîné, avoir passé de longues heures à fabriquer des résistances pour enfin se glorifier d’avoir écrit ce post édifiant sur un forum obscur : “Mon atomiseur fonctionne à merveille, et quelle vape !” Si nous n’étions pas toujours d’accord, nous avions conscience de faire partie d’un club d’initiés qui avaient connu les mêmes galères, parcouru le même chemin, arpenté les mêmes tranchés… Des copains de guerre en somme.
Les reconstructibles 2.0
Heureusement, avec le temps, les reconstructibles se sont simplifiés, leur ergonomie, au fil des itérations, améliorée pour finalement commettre le crime, impardonnable, de devenir accessibles aux débutants. Ces jeunes premiers de la vape, incapables d’oxyder un mesh pouvaient désormais eux aussi, toucher du doigt la vape divine, jusqu’alors réservée à l’élite. Cinq spires d’un fil clapton déjà fait, un peu de coton et le tour était joué ? Une vape impeccable avec des atomiseurs disponibles partout, le tout à un prix raisonnable ? Inadmissible.
Plus besoin de matériel non plus ! Des ciseaux, une pince, une bobine de fil, du coton et un tournevis suffisent désormais. Les reconstructibles sont devenus, au fil du temps, accessibles, peu coûteux, bien finis, ergonomiques et extrêmement performants. Pourtant, nous sommes de plus en plus nombreux à rejoindre le rang des vapoteurs sur résistance. Peut-être avons-nous trop souffert des déconvenues avec des atomiseurs reconstructibles ? Ou sommes-nous devenus feignants avec l’âge ? A moins qu’une bonne résistance mesh donne une vape saturée, puissante et constante, sans le moindre effort à fournir ? Sans compter que nous nous sommes certainement lassés de nos jouets, et que, dans une époque où la rentabilité est exigée, et le temps précieux, on ne s’autorise plus à perdre deux heures pour “apprendre un atomiseur”.
Non, tout cela me semble être une mauvaise analyse. La vérité est que, depuis quelques années, les atomiseurs reconstructibles ont atteint un degré de perfection de vape dont on ne pouvait rêver à l’époque. Un SQuape Enduro, un GT4, un Kayfun lite, un Taifun GTR, un Précisio ou plus récemment le très réussi Chariot, sont dépourvus de défauts. MTL ou DL, top coil, bottom coil, genesis ou dripper, chaque catégorie offre un tel choix d’atomiseurs tous plus réussis les uns que les autres, qu’il est impossible de ne pas trouver le graal et d’enfin passer à autre chose : Reprendre une vie normale, avec la tranquillité d’esprit de vaper sur un matériel fiable, facile à vivre, et offrant une vape prodigieuse. Si les ventes d’atomiseurs reconstructibles ne sont plus ce qu’elles étaient, c’est probablement parce que les fabricants ont dit juste en promettant d’être “votre dernier atomiseur”, celui qu’on achète, qu’on apprivoise et dont on ne se sépare plus.
Quant à moi, je ne l’ai pas encore trouvé. Peut-être que je ne le cherche pas d’ailleurs, parce que je trouve le chemin plus divertissant que l’arrivée. J’ai aimé le parcours, l’apprentissage. J’ai aimé transmettre ce savoir aussi, guider les braves qui osaient s’aventurer dans les contrées de “la vape qui se mérite”. J’aime à penser que la vape en reconstructible en a toujours sous le pied, et pourra encore me surprendre. Et quand je regarde le Taifun GT5 flambant neuf posé sur mon bureau, j’espère qu’il me résistera encore un tout petit peu. J’espère qu’il sera assez simple à vivre pour que je puisse l’utiliser, mais assez complexe pour que je ressente l’envie de prendre ma caméra pour le filmer et expliquer son fonctionnement aux irréductibles passionnés de belles vapes.
